AUTOMNE-HIVER 2022/23
RENAISSANCE
HAUTE COUTURE AUTOMNE-HIVER 2022/23
Nous tous qui travaillons dans la mode savons pertinemment qu’une partie du reste du monde juge notre activité futile. C’est une critique attendue, et nous pensons tous le contraire bien sûr, mais si l’on y réfléchit un peu, il est vrai que la mode peut s’avérer futile par moments. La mode est aussi provocante, renversante, exigeante et éloquente. Elle est à couper le souffle. Elle est sublime.
RENAISSANCE
HAUTE COUTURE AUTOMNE-HIVER 2022/23
Nous tous qui travaillons dans la mode savons pertinemment qu’une partie du reste du monde juge notre activité futile. C’est une critique attendue, et nous pensons tous le contraire bien sûr, mais si l’on y réfléchit un peu, il est vrai que la mode peut s’avérer futile par moments. La mode est aussi provocante, renversante, exigeante et éloquente. Elle est à couper le souffle. Elle est sublime.
Ces dernières années cependant, on dirait que la mode s’est efforcée de prouver qu’elle n’était pas futile. La pression ressentie par les designers pour prendre position face à la situation politique actuelle ou au désastre climatique, aux inégalités ethniques ou de genre, et le retour de la guerre, a abouti à un travail extraordinaire, sans parler du réengagement de notre industrie au sein de la culture globale.
Mais cela a aussi conduit à un sérieux un peu morne, qui réduirait la mode à des slogans et à des phrases chocs. C’est facile de se prendre au sérieux. Ce qui est plus difficile, en revanche, c’est de rester engagé tout en essayant de retourner à un état d’innocence créative, le même état d’émerveillement que nous avons tous ressenti dans notre enfance devant le premier spectacle qui nous a transcendé.
Je parle souvent de cette tentative d’arriver à cet état d’innocence - de ce combat pour rester proche de la personne en nous qui est tombée amoureuse de la mode et de ses infinies possibilités, sans succomber ni au cynisme ni au désenchantement. J’espère que cet esprit transparaît au sein de cette collection ; j’espère que les gens qui la verront devineront le plaisir que nous avons eu mon équipe et moi à la faire. J’espère que la joie que nous avons eu à créer et à fabriquer de beaux objets dont les gens se souviendront sera perceptible dans chaque manteau, chaque robe, chaque accessoire.
Je pense que nous sommes parfois sur la défensive quand les critiques nous accusent de simplement vouloir faire de belles choses. Mais après tout, qu’y a-t-il de mal à cela? Ce n’est pas la seule chose importante dans la vie, bien sûr, mais ça fait quand même partie de la vie. Et fabriquer de belles choses, fabriquer de la beauté, n’est pas chose aisée. C’est un privilège, dont je suis chaque jour infiniment reconnaissant.
Daniel Roseberry